Quelques compositrices et leurs œuvres
1- Les femmes et la musique
Si de nombreux compositeurs sont tombés dans l'oubli et que le grand public n'a retenu que les plus illustres, qu 'en est-il des compositrices ?
Si l'on demande à un public composé de Monsieur et Madame Toulemonde de nommer des compositeurs, Mozart, Bach, Beethoven, Vivaldi feront sans aucun doute partie des noms qui seront cités.
Si l'on demande au même public maintenant de nommer ne serait-ce qu'une compositrice, le silence sera probablement la réponse à cette question.
Mais vous me direz : c'est normal elles sont beaucoup moins nombreuses que les hommes. Et c'est vrai, mais ce n'est pas la seule raison. Et si on les connaît moins ce n'est pas parce qu'elle ont beaucoup moins de génie que leurs confrères.
Quelle est la place des femmes dans la musique ?
De tout temps des femmes ont composé de la musique. La plus ancienne connue a vécu au 7ème et 6ème siècle avant J. C. Il s'agit de la poétesse Sapphô.
Si vous voulez en savoir plus sur Sapphô et la musique dans l’antiquité grecque :
Mais trop longtemps la société a imposé aux femmes le rôle d'épouse et de mère et leur a interdit de se faire remarquer en tant qu'artistes.
Nous verrons dans quelques cas comment les hommes ont dominé l'art de la musique et empêché leurs compagnes de pratiquer cet art en toute liberté.
Longtemps il a été interdit aux femmes de chanter au théâtre et dans les chœurs d'église, ne l'oublions pas.
Encore actuellement la femme n'a pas la place qu'elle mérite dans l'art musical.
Si vous êtes un inconditionnel du concert du Nouvel An de l'Orchestre Philharmonique de Vienne, peut-être avez-vous remarqué que cet orchestre était, il y a encore quelques années exclusivement constitué d'instrumentistes hommes. Depuis peu on voit apparaître des femmes et elles sont de plus en plus nombreuses et c'est un bien.
La direction d'orchestre est encore dans une très grande proportion laissée aux hommes. Quelques femmes commencent à se manifester et prendre enfin la place qu'elles méritent. En France je pense à Nathalie Stutzmann, contralto, qui depuis quelques années dirige l'ensemble Orfeo 55 qu'elle a créé tout en étant la cheffe de l'orchestre symphonique de Kristiansand en Norvège et cheffe invitée principale de l'orchestre de Philadelphie. Je pense également à Laurence Équilbey cheffe du chœur Accentus qu'elle a créé et qui a dirigé de grandes œuvres, comme le Requiem de Mozart à la tête de prestigieux orchestres. Elle a d'ailleurs créé en 2012 Insula Orchestra. Citons encore quelques femmes qui sont à la tête d'orchestres : Emmanuelle Haïm, spécialisée dans la musique baroque, Claire Gibault, Zahia Ziouani dont la vie est retracée par le film « Divertimento ». Les femmes représentent environ 4 à 6% des chefs d'orchestre et seulement 1% des compositeurs.
Rappelons que la mixité n'était pas de mise au Conservatoire. Il a fallu attendre le milieu du 19ème siècle pour qu'une femme puisse accéder aux classes d'écriture.
Créé en 1663 le concours de Rome est accessible aux compositeurs depuis 1803 mais fermé aux femmes. Ce n'est qu'en 1902 qu'une femme, Juliette TOUTAIN le tente et Lili BOULANGER fut la première lauréate de ce concours en 1913.
Et n'oublions pas que, seulement chez nous, le droit de vote et celui d'être élue n'ont été accordés aux femmes qu'en 1944 (soit près d'un siècle après les hommes), qu'elle ont pu voter pour la première fois aux élections municipales de 1945, qu'elles ont pu avoir un chéquier à leur nom à partir de 1965. Quant à la contraception il faudra attendre 1967 pour que les femmes puissent y accéder et l'avortement 1975.
Depuis quelques temps on entend davantage parler des compositrices et de leurs musiques. Radio Classique, par exemple fait entendre désormais des noms comme Lily et Nadia Boulanger, Cécile Chaminade, Amy Beach, Clara Schumann, Louise Farrenc, Mel Bonnis... Chaque samedi et dimanche matin de 11h à 12h cette radio propose une émission consacrée aux femmes : Femmes Majeures.
2- Hildegarde von BINGEN
Religieuse puis abbesse, écrivaine, poétesse, musicienne et compositrice, phytothérapeute, diététicienne, Hildegarde naît le 16 septembre 1098 en Allemagne et meurt le lendemain de son anniversaire, le 17 septembre 1179 près de Bingen.
Elle a consigné par écrit ses recherches et ses visions (elle aurait vu une première apparition dès l'âge de 3 ans)
Bienheureuse de l'église catholique dès le 12ème siècle elle a été canonisée et déclarée Docteur de l'Église par le pape Benoît XVI en mai 2012.
Elle n'a composé que de la musique religieuse (plus de 70 pièces).
Voici « Ô tu illustrata ». Le texte est dédié à la Vierge et il est écrit, comme il se doit, en latin. Ce chant est interprété par un quatuor féminin accompagné à la viole de gambe (ancêtre du violoncelle). On remarquera l’utilisation du mélisme (figure mélodique de plusieurs notes portant une seule et même syllabe, par opposition au syllabisme dans lequel à chaque syllabe correspond une seule note)
Plan : Refrain, couplet1, refrain, couplet 2 coda a cappella (conclusion chantée sans accompagnement instrumental)
Texte et traduction
O tu illustrata De divina claritate Clara Virgo Maria Verbo Dei infusa Unde venter tuus floruit De introitu Spiritus Dei O tu illustrata De divina claritate Clara Virgo Maria Qui in te sufflavit et in te exsuxit Quod Eva abstulit In abscisione puritatis Per contractam Contagionem de suggestione diaboli. | O toi qui es éclairée Par la lumière divine Marie, Vierge de lumière Dieu t'a insufflé son verbe Et ton ventre a fleuri par l'Esprit de Dieu O toi qui es éclairée Par la lumière divine Marie, Vierge de lumière En toi il a soufflé et en toi il a aspiré ce qu'Ève avait confisqué : Il a retranché la pureté déformée et contaminée par les idées diaboliques. |
3- Francesca CACCINI
Fille du compositeur et chanteur Giulio CACCINI et d'une chanteuse, Francesca CACCINI est née le 18 septembre 1587 à Florence. Elle est morte après 1641.
Petite parenthèse concernant Giulio CACCINI : il était au service des Médicis et un superbe Ave Maria porte le titre d'Ave Maria de Caccini. C'est là une belle supercherie musicale puisque cette œuvre, composée en 1970, est celle d'un compositeur russe qui souvent attribuait ses pièces à des compositeurs anciens. Il s'agit de Vladimir VAVILOV (1925-1973) né et mort à Saint-Petersbourg.
Mais revenons à Francesca, surnommée La Cecchina. Très tôt son père l'initie à la musique : chant, luth, clavecin, théorie musicale, composition. Elle est sans doute la première femme a avoir composé un opéra.
Je vais vous faire écouter un chant, un chant de Noël : « O que nuovo stupor » (O quel nouvel émerveillement). La chanteuse (soprano) est ici accompagnée par un violon, un violoncelle (tenu comme une viole de gambe) et un clavecin.
Texte et traduction :
O che nuovo stupor: mirate intorno A mezza notte il giorno, Mirate aprirs' il cielo, Udite il suono degli angelici cori. Venite, andiam, cerchiam Gesù, pastori, (bis) Io vo cantar, io vo gioire anch'io, Che nato in terra è Dio, Che nato in terra è Dio per mia salute. Io'l vo vedere omai, Io'l vo adorar che tanto il desiai, (bis) Voglio alla madre vergine beata, Perche mi sia avvocata, Offrir non oro, no, ma nudo il core, Il core umiliato. Venite, andiam, cerchiam Gesù, ch'è nato. | Oh ! quel nouvel émerveillement : regardez le jour au milieu de la nuit, regardez s’ouvrir le ciel, Entendez le son des chœurs angéliques. Venez bergers, allons, entourons Jésus, Je veux chanter, je veux me réjouir Que Dieu est né sur terre QueDieu est né sur terre pour mon salut. Je voulais lui rendre hommage, Je désirais tant l'adorer. Je veux à la mère bienheureuse vierge, Pour être son défenseur, Offrir non de l’or, non, mais mon cœur nu, Mon cœur humble. Venez, allons, entourons Jésus qui est né. |
4- Fanny MENDELSSOHN-HENSEL
Fanny Mendelssohn-Hensel est une compositrice allemande née le 14 novembre 1805 à Hambourg et morte le 14 mai 1847 à Berlin. Elle est l'aînée d'une fratrie de quatre enfants d'une famille très bourgeoise.
Elle est la sœur de Félix Mendelssohn-Bartholdy et elle a eu bien du mérite à réussir sa carrière de musicienne.
En effet son père prétendait que la musique devait pour elle rester un agrément mais ne jamais devenir la base de son existence et de ses actes.
Son frère n'était pas en reste dans le domaine de la phallocratie. Il affirmait que Fanny n'avait jamais souhaité devenir compositrice, qu'elle était « trop femme » pour cela, qu'elle dirigeait sa maison et ne pensait pas à la musique tant que ses premiers devoirs n'étaient pas remplis. Ce qui était complètement faux. Pour preuve, elle laissa près de 250 Lieder pour soprano et piano , plus de 100 pièces pour piano seul, en tout plus de 450 compositions. Six Lieder de jeunesse de Félix sont de Fanny, et le tricheur le reconnut lui-même.
Elle fut mise à l'écart quand son père et son frère rencontrèrent le poète allemand Goëthe, ce qui ne l'empêcha pas de mettre en musique de nombreux de ses poèmes.
Elle se marie en 1829, prend le nom d'Hensel. Elle trouve un soutien auprès de son mari qui l'encourage à publier et à jouer. Mais très peu de ses œuvres furent publiées.
Lors d'un séjour à Rome elle rencontre Berlioz et Gounod qui l'admirent, la considèrent comme une « musicienne inoubliable », une excellente pianiste et une femme d'une intelligence supérieure .
Elle a composé environ 450 pièces :
250 Lieder pour Soprano et piano (sur des textes de poètes contemporains, quelques-uns de son mari) 100 pièces pour piano Musique de chambre |
Je vous propose d’écouter le 2ème mouvement du quatuor à cordes en Mi bémol majeur.
Un quatuor à cordes est un ensemble instrumental constitué de 2 violons, d'un alto et d'un violoncelle. C’est également le nom d’une forme musicale composée pour le quatuor à cordes.
L’œuvre est ici interprétée par un quatuor majoritairement féminin.
Ce quatuor est en quatre mouvements, c’est-à-dire quatre parties :
1- Adagio ma non troppo (lent, mais pas trop)
2- Allegretto, rapide, léger
3- Romance, molto cantabile (très chantant)
4- Allegro molto vivace (allegro très vif)
Le 2ème mouvement est en 3 parties : A-B-A
Le thème A, léger est entrecoupé d'un deuxième thème B en forme de fugue très rapide.
5- Clara SCHUMANN-WIECK
Clara Wieck est une pianiste et compositrice allemande. Elle est née à Leipzig le 13 septembre 1819 et morte à Francfort le 20 mai 1896. Elle est l'une des plus grandes pianistes de son époque, elle donnera son premier concert à l'âge de 6 ans.
Son père, veuf, était professeur de piano, sa demi-sœur était aussi pianiste et compositrice. Elle même sera professeure de piano en 1878.
Elle rencontre Robert SCHUMANN qu'elle épouse en 1840 malgré l'opposition de son père qui ne voulait pas que sa fille qui était connue épouse un compositeur qui ne l'était pas.
Robert est interné en 1854 et il meurt en 1856.
Avant son mariage, son père l'ayant dispensée des tâches domestiques, elle pouvait se consacrer à la composition.
Après elle doit s'occuper des 8 enfants nés de ce mariage et d'un mari lunatique qui ne l'encourage pas à composer et qui ne gagne pas suffisamment d'argent pour subvenir aux besoins de la famille, obligeant Clara à donner des concerts pour aider financièrement.
Son éloignement de la création musicale est donc directement lié à sa condition de femme.
Elle-même avoue être revenue sur l'idée qu'elle pourrait composer, elle dit même qu'une femme ne doit pas le prétendre puisqu' aucune n'a été capable de le faire.
Elle laisse environ 45 compositions.
Voici le plan de la 3ème romance pour violon et piano.
Cette romance est également en 3 parties : A – B – A
La première partie, en si bémol majeur, fait entendre un thème souple et chantant au violon, sur un accompagnement en arpèges rapides du piano. Ce thème est joué 2 fois, la 2ème fois avec une fin différente de la 1ère.
La deuxième partie est jouée dans une autre tonalité (ré majeur). Un autre thème apparaît, accompagné par des accords du piano.
Le premier thème revient dans la troisième partie, dans la tonalité du début (si bémol majeur). L'accompagnement du piano est en doubles croches piquées. Pour terminer le piano reprend le thème qu'il transforme et l'accompagnement en sextolets. Le violon joue un contre-chant et le violon reprend l'idée du thème.
6- Cécile CHAMINADE
Compositrice et pianiste française, Cécile CHAMINADE est née l8 août 1857 à Paris et morte le 13 avril 1944 à Monte-Carlo.
Compositrice prolifique elle laissera plus de 400 œuvres dont 200 pour le piano.
Elle naît dans une famille très bourgeoise, son père est directeur d'une compagnie d'assurances anglaise et sa mère une excellente pianiste dotée d'une très jolie voix. Cette mère est une amie de la mère de Georges Bizet qui veut la faire entrer au conservatoire. Le père refuse catégoriquement sous prétexte que « dans la bourgeoisie les filles sont destinées à être épouses et mères ».
Bizet, qui surnomme Cécile « mon petit Mozart » (il a 19 ans de plus qu'elle) obtient quand même qu'elle prenne des cours privés par des professeurs du conservatoire.
Cécile profitera de l'absence de son père pour se produire sur scène où elle connaît un franc succès.
Elle reçoit les encouragements de Camille Saint-Saëns et d'Emmanuel Chabrier.
Elle se marie en 1901 avec un éditeur de musique qui meurt en 1907.
Elle nous a laissé environ 400 œuvres.
Musique pour piano Musique vocale Musique de chambre Opéra, ballet |
Nous écoutons son « concertino pour flûte et orchestre » op. 107, sa dernière œuvre symphonique.
C'est une pièce en 3 parties.
Introduction | A | B | Cadence | A | Coda |
2 mesures | a1 | b1 | flûte | a1 | |
(2 descentes de 4 notes) | a2 a3 a4 | b2 b3 (orchestre) passage virtuose a (orchestre) | solo | a2 a3 a4 | |
Après une très brève introduction de l'orchestre (descente répétée de 4 notes, donc 2 mesures) la flûte entame un thème serein qui va se faire entendre à quatre reprises (A). Cette première partie met en valeur ce thème dans différentes tonalités et variantes.
Une deuxième partie, B, présente un autre thème. Le mouvement plus animé permet à l'instrumentiste d'exploiter sa virtuosité. Une cadence termine cette partie.
La première partie revient pour se terminer par une coda (conclusion).
« Les feux de la Saint-Jean » est un poème de Armand Silvestre, poète et écrivain français (Paris le 18 avril 1837, Toulouse le 19 février 1901).
Cécile Chaminade l’a mis en musique pour chœur de femmes à 2 voix.
Cet opus 34 a notamment été interprété le 14 juillet 2022 lors du concert de Paris, donné devant la Tour Eiffel et qui précède le feu d’artifice pour la fête nationale.
Le voici interprété par la maîtrise de Radio France à l’auditorium de Radio France.
Paroles :
Coupant l’horizon d’un sillage,
Aussi loin qu’atteignent nos yeux,
Là-bas, de village en village,
S’allument des bûchers joyeux.
De la nuit déchirant les voiles
Et du sein de l’ombre émergeant
On dirait qu’il pleut des étoiles,
Ce sont les feux de la Saint-Jean.
C’est la fête des cœurs dans le printemps qui passe,
Courons aux feux de la Saint-Jean.
Ne laissez pas le vent en disperser la cendre
Ni les troupeaux en fouler les débris.
Gardez cette poussière et ces rameaux flétris
Comme on garde un souvenir tendre.
Dans cette belle nuit,
Dans cet air embaumé,
Autour de ces feux clairs bien des cœurs ont aimé
Ne laissez pas le vent en disperser la cendre !
Là-bas sont les feux de la Saint-Jean
Courons aux feux de la Saint-Jean !
Coupant l’horizon d’un sillage
Aussi loin qu’atteignent nos yeux
Là-bas, de village en village
S’allument des bûchers joyeux.
De la nuit déchirant les voiles
Et du sein de l’ombre émergeant
On dirait qu’il pleut des étoiles,
Ce sont les feux de la Saint-Jean.
C’est la fête des cœurs dans le printemps qui passe,
Courons aux feux de la Saint-Jean.
7- Alma MAHLER
Née SCHINDLER, la musicienne et compositrice Autrichienne naît le 31 juillet 1879 à Vienne d'un père peintre et d'une mère cantatrice.
Parmi les amis de son père il y a le peintre autrichien Gustav KLIMT (14/07/1862, 6/02/1918). Elle est reconnue pour être une femme ambitieuse. Elle fait la connaissance de Gustav MAHLER en 1901 lors d'une soirée chez une belle-sœur de Georges Clémenceau.
Le mariage a lieu à Vienne le 9 mars 1902.
Gustav (1860-1911) qui est 19 ans plus âgé qu'Alma, écrit, dans une lettre pendant leurs fiançailles qu'elle doit renoncer à ses propres ambitions sinon le mariage n'aura pas lieu. Elle accepte. De ce mariage naîtront deux filles : Maria (1902-1907) décédée à l'âge de 5 ans d'une scarlatine et Anna, sculptrice qui a vécu en Angleterre.(1904-1988).
Gustav reconnaît que son épouse est une musicienne douée mais il dit que son premier devoir est de le rendre heureux.
Après la mort de son mari en 1911 Alma épouse en 1915 un architecte avec qui elle avait eu une liaison. Naîtra Manon qui mourra à l'âge de 18 ans de poliomyélite, en 1935.
A 40 ans elle aura un garçon avec un romancier alors qu'elle est toujours mariée à l'architecte. L'enfant meurt prématurément à 10 mois.
Elle épouse le romancier en 1929, elle a 50 ans.
Le couple fuit l'Autriche à cause de l'Anschluss (annexion de l'Autrice par l'Allemagne) pour la côte d'azur puis l'Espagne, le Portugal et enfin l'Amérique, à Los Angeles.
A la mort de son 3ème mari en 1945 elle part vivre à New-York où elle meurt le 11 décembre 1964 à l'âge de 85 ans.
Son œuvre se résume essentiellement à des Lieder, mélodies allemandes.
Nous en écoutons un : « Bei dir ist es traut » https://youtu.be/yf3OREDY1AI
Bei dir ist es traut,
zage Uhren schlagen wie aus alten Tagen,
komm mir ein Liebes sagen,
aber nur nicht laut!
Ein Tor geht irgendwo
draußen im Blütentreiben,
der Abend horcht an den Scheiben,
laß uns leise bleiben,
keiner weiß uns so!
Avec toi c'est familier,
Les heures sonnent timidement comme autrefois
Viens me parler d'amour,
Mais pas trop fort !
Quelque part une porte mène
Vers un monde en fleurs,
Le soir espionne à la fenêtre,
Faisons silence,
Personne ne doit savoir où nous sommes.
8- Lily BOULANGER
Lily à l’orgue
Lily et sa sœur aînée Nadia
Marie Juliette BOULANGER, dite « Lily »est née à Paris, dans le 9ème arrondissement le 21 août 1893.
Elles est d'une famille de musiciens. Son père, Ernest, est compositeur, 1er grand prix de Rome en 1835, professeur de chant au Conservatoire de Paris. Sa mère est une cantatrice russe originaire de Saint-Pétersbourg. Sa sœur aînée, Nadia, née en 1887 est musicienne, compositrice et pédagogue.
Dès l'âge de 6 ans elle sait déchiffrer une partition sans même savoir lire.
Gabriel Fauré qui est un ami de la famille est émerveillé devant sa précocité et lui donne ses premières leçons de piano.
Outre le piano elle étudie le violon, le violoncelle, la harpe et l'orgue. De plus sa sœur l'encourage à composer.
En 1913 elle devient la première femme à remporter le 1er grand prix de Rome de composition musicale. L’œuvre qui lui a permis d'être lauréate rencontre un vif succès lors de son exécution. Lily est reçue le 24 novembre par le président de la république Raymond Poincaré.
C'est en 1914 qu'elle entreprend la composition de ses trois psaumes qui seront achevés en 1917. C'est un extrait du psaume 130 « Du fond de l'abîme » que j'ai choisi de vous faire écouter. Pièce imposante, pour contralto, ténor, chœur mixte et orchestre.
Atteinte d'une tuberculose intestinale due à la maladie de Crohn elle meurt à l'âge de 24 ans le 15 mars 1918 en laissant un catalogue imposant : de la musique pour piano, de la musique de chambre, musique chorale, vocale, orchestrale et un opéra en 5 actes resté inachevé d'après un drame de Maurice Maeterlink.
Sa sœur a, quant à elle, poursuivi sa carrière musicale jusqu'à sa mort en 1979.
Nous allons écouter le début de son Psaume 130 dont le titre est « Du fond de l'abîme ».
C'est une œuvre très imposante qui nécessite un effectif important en cuivres, percussions mais également un célesta et un orgue, un chœur mixte dont les voix sont souvent divisées et deux solistes, une contralto et un ténor. Elle fut composée en 1910 et revue en 1917. Nous en écouterons uniquement le début car elle dure environ une demi-heure.
L'orchestre commence par une introduction dans un registre très grave qui va peu à peu monter vers l'aigu et un fortissimo. Le chœur entonne ensuite la première strophe du psaume (environ 4 minutes 35)
Du fond de l'abîme je t'invoque,
Iahvé Adonaï.
Écoute ma prière!
Que tes oreilles soient attentives
Aux accents de ma prière!
Lahvé : Dieu d’Israël Adonaï : Seigneur
9- Isabelle ABOULKER
Isabelle Aboulker est née le 23 octobre 1938 à Boulogne-Billancourt dans une famille d'artistes.
Isabelle grandit en Algérie et c'est à Alger qu'elle donne son premier concert à l'âge de 6 ans.
Son grand-père maternel, Henry Février (1875-1957) est compositeur, son oncle, Jacques Février (1900-1979) est un pianiste talentueux. Son père, Marcel Aboulker (1905-1952) est réalisateur, sa sœur, Florence Aboulker (1934-2002) est romancière et productrice (elle a notamment découvert Patrick Juvet et Daniel Balavoine).
Son œuvre est très importante et, en plus d'être une compositrice elle est accompagnatrice, cheffe de chant, professeure auprès de jeunes chanteurs au Conservatoire National Supérieur de Musique.
Depuis 1981 son activité gravite autour de l'opéra et de la voix.
Elle est l'auteure de :
– 4 opéras de chambre – 22 opéras pour jeune public – chansons pour les enfants – 7 contes musicaux – 3 musiques pour livre audio, notamment « Le Petit Prince », lu par Bernard Giraudeau – 1 spectacle musical – 1 comédie musicale – 1 oratorio – des pièces instrumentales – des ouvrages pédagogiques |
C'est une chanson pour chœur d'enfants que je vous propose d'écouter : Le Nom des Arbres, chanson tirée du conte musicale « Myla et l'arbre bateau » dont voici le sujet :
Myla et l’arbre-bateau évoque la relation entre un grand-père et sa petite-fille qui ont l’habitude de se promener ensemble en forêt, et qui savent que cette forêt les réunira au-delà de la mort : « Quand je mourrai, il te suffira de retourner dans la forêt… je serai parmi les arbres que nous aimons tant», dit le grand-père pour rassurer Myla. Après la mort du grand-père, le chêne au pied duquel ils aimaient faire halte est abattu pour construire un bateau, et seule Myla parvient à mettre ce bateau à l’eau et à le laisser partir…
Cette œuvre pédagogique commandée en 2016 a reçu le Prix de l'Enseignement Musical décerné par la Chambre Syndicale des Éditeurs de Musique de France. Elle est composée de 7 chansons parmi lesquelles « Le nom des arbres ».
Et pour ceux qui auraient envie de découvrir toute l’histoire de Myla et l’arbre bateau :
Petits suppléments
Pour revenir à Caccini, voici quelques versions du fameux Ave Maria :
https://youtu.be/2ECsfvJ4p2c (arrangement à découvrir)
Fanny MENDELSSOHN-HENSEL :
Clara SCHUMANN :
Quelques autres noms
Germaine TAILLEFER : https://youtu.be/Z_w827ZX1k4
Louise FARRENC (France 1804-1875),
Pauline VIARDOT (France 1821-1910),
Augusta HOLMES (France 1847-1903),
Mel BONIS (France 1858-1937),
Amy BEACH (États-Unis 1867-1944),
Nadia BOULANGER (France 1887-1979),
Sofia GOUBAÏDOULINA (Russie 1931),
Meredith MONK ( États-Unis 1942)
et plus près de nous Françoise CHOVEAUX née à Lille en 1953.
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